La cuvée Serge Lutens 2013 est sortie. Et de quoi s'agit-il?
D'une belle grosse rose rouge qui tâche.
La Fille de Berlin. Elle mange des cerises dans un parc un peu avant l'aube après une nuit moite en boite de nuit. Son cavalier ivre dort sur la pelouse à côté mais elle attend le jour décidée, têtue. Le gars mâchait un chewing-gum menthol, elle tripote distraitement ses mèches blondes en crachant ses noyaux et sa robe est froissée.
Ça démarre métallique et presque froid, camphré. Peut-être de la cardamome, un peu de poivre, le vieux Maître n'aime pas les notes et se tait sur les compositions, nous n'en saurons rien sauf pour la rose qui trône royalement. Mais l'opulence de la reine des fleurs est ici maitrisée, tenaillée, allemande. Une rose habillée, couture, distante, elle est pourpre, vineuse, sanguine, et les quelques notes vertes ne font pas long feu laissant place à la touffeur de fleurs froufroutantes qui s'étoffent progressivement en se faisant miellées, presque crasse. (Sans doute une quantité de phenylethyl benzoate une matière que j'adore pour ses accents de miel de rose justement ).
La Fille de Berlin c'est des cerises, framboises et quelques solides molécules de puissante rose fruitée qui habillent et tiennent le parfum de bout en bout, soutenu par une bonne dose de bois comme il se doit chez Lutens. On craint le pire, tomber dans la sucraille et le collant d'un jus confituré mais non, elle sait se tenir la petite et sa robe noire n'est pas vulgaire.
L'ambiance expressionniste un peu arrogante, l'éclat du rubis, tout concoure à faire de cette énigmatique berlinoise une fleur amoureuse parée d'une aura distante de mystère et comme sortie tout droit du Metropolis de Fritz Lang telle une vestale lutensienne sortant de la toile, de noir vêtue comme Serge revenant aux origines. Et je pense au mythe Nombre noir et sa débauche de damascones qui augurait dans les années 80 d'une parfumerie excessive, baroque et délicieusement orientale. Un peu brute et épineuse, quasi rock en 2013 Le fille de Berlin a pour moi la voix de Marianne Faithfull chantant Les mystères de l'amour.
(La vidéo est rachitique et frise le hideux mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour illustrer)
Photo: bouquet de rose papa meilland.
La Fille de Berlin c'est des cerises, framboises et quelques solides molécules de puissante rose fruitée qui habillent et tiennent le parfum de bout en bout, soutenu par une bonne dose de bois comme il se doit chez Lutens. On craint le pire, tomber dans la sucraille et le collant d'un jus confituré mais non, elle sait se tenir la petite et sa robe noire n'est pas vulgaire.
L'ambiance expressionniste un peu arrogante, l'éclat du rubis, tout concoure à faire de cette énigmatique berlinoise une fleur amoureuse parée d'une aura distante de mystère et comme sortie tout droit du Metropolis de Fritz Lang telle une vestale lutensienne sortant de la toile, de noir vêtue comme Serge revenant aux origines. Et je pense au mythe Nombre noir et sa débauche de damascones qui augurait dans les années 80 d'une parfumerie excessive, baroque et délicieusement orientale. Un peu brute et épineuse, quasi rock en 2013 Le fille de Berlin a pour moi la voix de Marianne Faithfull chantant Les mystères de l'amour.
(La vidéo est rachitique et frise le hideux mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour illustrer)
Photo: bouquet de rose papa meilland.
Il faudrait que je cite la moitié de tes mots pour les commenter... Totalement rock meme, de ses 16 à 77 ans, avec une élégance obstinée dans l'ivresse, une froideur fataliste dans la cassure.
RépondreSupprimerParfaite image, merci:-)
Il est long à la détente mais il arrive enfin..
SupprimerFroideur fataliste dans la cassure: yeah, you rock too!
Bonjour,
RépondreSupprimerPour moi, si je ferme les yeux et que je sens ce parfum je ne vois rien d'autre qu'une jolie rose anglaise, un peu vieillote comme ces savons à la rose-thé dans leur papier de soie.
Je ne vois pas le lien avec Berlin (ni année 30, ni rideau de fer ou quoique ce soit d'autre) à moins que ca ne soit que pur blabla marketing pour nous présenter une enième rose...?
C'est difficile la rose de nos jours, on lui en a tant fait faire, jusque dans les toilettes. Et pourtant pour une fois et la rose marche pour moi et le blabla de Monsieur m'a emporté. Ce n'était plus le cas depuis quelques temps, j'avoue que ça fait plaisir de retrouver un univers. Même si je resterai fidèle à mes premières amours: Cuir mauresque et Iris Silver mist, indépassables.
SupprimerElle est belle cette rose et à mon nez elle n'est pas très anglaise (ce qui ne serait pas un défaut), ni dépassée. Sur ma peau, elle joue sur deux tableaux dominants: une rose vineuse et du poivre; le boisé vient plus tard mais reste distant, un peu à l'écart, laissant les dames rose-rouge converser à voix basse.
RépondreSupprimerEst-ce qu'il y a de l'ambrette qui ressort dans les notes de fond?
RépondreSupprimerIl y a quelque chose de téméraire et fragile dans ce parfum, un "bold statement". Sa personnalité est "courageuse dans son romantisme", dans cette façon de porter devant son bouquet de rose.
J'aime le fond laisser sur mes chemises quand je le teste, de Paris d'YSL on se rapproche du no18 de Chanel (rose naturelle cristalline, alcool de poire) : ambrette?