vendredi 19 octobre 2012

Rose Etoile de Hollande, Mona di Orio





Mona di Orio avait le talent certain de créer des oeuvres poétiques et délicates d'une sensibilité hors du commun. J'ai mis beaucoup de temps à succomber à ses potions que je trouvais d'abord trop chargées et parfois brouillonnes pour finir par entrer dans son imaginiare avec sa Vanille de la Collection les Nombre d'Or, la plus belle vanille que j'ai jamais senti. 
Mme di Orio a quitté ce monde il y a plus d'un an hélas mais elle a laissé derrière elle le parfum sur lequel elle travaillait et qui est sorti il y a quelques mois. Il porte le nom d'une rose, plus exactement d'un cultivar de rosier créé au début du XXème siècle par un hollandais, très odorante et souvent d'un beau rouge vif. Sa retranscription parfumée par Mona di Orio est un bien bel hommage à la reine des fleurs.

D'entrée la messe est dite, c'est une rose, sans conteste. Et plutôt réaliste, frémissante et délicate: la qualité des matières et notamment de l'absolue de rose bulgare et de rose turque est absolument délicieuse. Elle s'orne d'une peau de pèche, d'une touche d'aldéhydes qui la soulève et la pare d'une aura rêveuse à souhait. Déjà pointe une légère inflexion cireuse ou plus exactement fruitée poupée (et je suppose apporté par une matière, le datilat qui sent la poupée Barbie neuve). Un beau géranium amène des notes vertes, le cèdre et le clou de girofle l'épicent un peu. La vanille de Madagascar, le benjoin et la baume du Pérou, tous trois chargés en notes baumées et douces, apportent à l’Étoile de Hollande une assise poudrée suave sans jamais plonger vers le sucré ou le doucereux. 



Et pourtant il y a quelque chose d'étrange, plus l'on s'enfonce dans cette rose éthérée plus elle semble devenir artificielle. C'est un peu un parfum "alla Tim Burton": la jolie jeune fille révèle soudain son étrangeté et l'on comprends alors la léger malaise qui nous habitait depuis le début.  Cette Étoile de Hollande plonge donc vers le pastel teint de poupée sans se départir de sa note verte qui se révèle chlorophylle et lui donne finalement une odeur gout de malabar en expansion. C'est fascinant et cela force à rester attentif: on ne s’endort pas sur cette rose!  De loin, on aurait pu penser à Nahéma, mais au porter c'est une autre affaire.  Je songe au poème fameux de Verlaine: 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime...




Merci Mona.

Photos: Flacon de Rose, Étoile de Hollande. Photos extraites du film Alice au Pays des Marveilles, Tim Burton.

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