dimanche 15 juin 2014

Hérésies de la fournaise




Naaaan, je n'ai rien écris depuis février ! Cinq mois déjà. L'été est là et je n'ai pas vu passer le printemps affairé à donner vie, écrin et publicité à mes trois créations parfumées. L'aventure continue, je suis stupéfait de l'ampleur que cela prend, souvent dépassé par les évènements, mais surtout heureux, très, de voir et de lire les réactions provoquées par mes bébés. 
Mais quand même cinq mois, c'est long. Et je n'ai rien vu passer. 
Et déjà l'été...

Alors pour reprendre langue, comme il se doit, pourquoi ne pas faire défiler les heureux élus qui auront droit à se dévoiler sur nos peaux durant les chaleurs estivales. Pas les petites fleurs timides et rafraichissantes, non, les grosses artilleries et les tueuses, de celles qui soignent le mal par le mal.
Je ne suis pas homme à citronnade, les hespéridés m'emmerdent généralement, et à mon avis la fraicheur s’accommode mal des températures de la Provence assommée de soleil. Leur durée de vie me dissuade souvent de passer par eux pour tenter de rafraichir mon corps embrasé, il me faut plutôt du lourd, de l'intense, de la personnalité pour parcourir les collines crépitantes de cigales excitées. 

Voici donc une sélection de destinations parfumés pour cet été qui s'annonce torride : 

Vamp à New York pour commencer,  parce que les fleurs blanches et plus particulièrement la tubéreuse, elles ont du coffre et savent chanter, quand même les pies et les pigeons ont cessé de chiner. Cette tubéreuse un peu vahinée, s'est roulée dans la vanille monoï et ondule soyeuse imperturbable quand le soir tombe alors qu'elle riait à gorge déployée au matin. 
Une variante calédonienne : Manoumalia  et ses chairs voluptueuses. 

Lonestar memories, un des premiers Tauer, l'un des plus beau, des plus caractériels. Il sent la sueur des travailleurs de la route, la créosote noire dont on badigeonnait les traverses de chemin de fer, l'ambre sec et poussiéreux, la suie, le cuir sur la moto. Une découverte magique d'un été californien en descendant la jolie route de Topanga Canyon vers la plage de Malibu où je me suis baigné goulument en me demandant d'où venait ce fumet de viande rôtie, avant de saisir que c'était moi, torride qui le dégageait. 




Sables bien sûr, c'est une évidence. Parce que l'immortelle crame au soleil sur les collines corses et enivre les téméraires qui s'y aventurent. Parce que ses notes salées, épicées curry, sèches, poussières et vanille douce, se mêlent admirablement à la peau malmenée par les UV. 
Autres variations sur l'immortelle  s'épanouissant au soleil : Fougère Bengale  et sa lavande virile,  et bien sûr mon Bois Lumière, en ôde à la fournaise. 

Viril aussi et tellement chic, Sycomore chez Chanel comme tous les vétivers est délicieux. Évidemment je les préfère hard core, comme Turtle by LesNez. Pas trop de pamplemousse pour moi avec la racine verte et terreuse, merci. 

Fumerie turque sous l'orage qui tonne dehors et les 36° qui pointent au thermomètre : une finesse de coulis exotique qui s’échapperait d'un narguilé lointain et embaume, fait corps avec la peau moite.  Délicieux.

J'ai déjà parlé d'Antilope, mon aldéhyde d'été, savane et fourrure alanguie sous le baobad. Et de Chaldée itou, que dire de plus, rien, écouter le bruit du ressac sur la plage, poser la tête dans le sable et rêver. 

Et le Tom ford aussi, Sahara noir tous poils au vent dans la décapotable sur la côte d'Azur, un peu beaucoup passionnément cliché mais c'est si bon de faire la nique aux Invictus et autres senteurs de pastilles bleues dans les WC. 

Une pirouette : Nuit de Noël de Caron donne tout ce qu'il a en été, ses rondeurs épicées, son taffetas moelleux et aérien qui éclaire cette rose ténébreuse s''aventurant dans les sous-bois. Essayez vite l'extrait tant qu'il n'est pas stupidement retiré de la vente par la maison. 

Une nouveauté peut-être ? J'avoue avoir été fainéant et peu senti ces derniers temps. Mais je confesse, à total contrecourant de ce que j'ai jusque là tonné, que Terre d'Hermès Eau très fraiche est terriblement jouissif. Frais oui et boisé, facile et pas exigeant. Tout ce qu'il faut pour une série de tapas en terrasse. 




Vamp à New York : honoré de sprés
Manoumalia LesNez
Sables Annick Goutal
fougère Bengale Parfum d'Empire
Bois Lumière Anatole Lebreton
Sycomore Chanel
Turtle vetiver LesNez
Fumerie turque Serge Lutens
Antilope Weil
Chaldée Jean Patou
Sahara noir Tom Ford
Nuit de Noël Caron
Terre d'Hermès eau très fraiche Hermès






5 commentaires:

  1. Heureuse de voir ta plume refleurir en ce lieu :)
    Pour ma part c'est, tu le sais, une longue croisade de l'apologie de la fournaise depuis de longues années, je lutte et croise le fer et prêche pour les jus qui claquent au soleil : je me délecte de mes tubéreuses nucléaires et autres fleurs blanches narcotiques et chauffées au fer rouge : c'est donc avec Tub Crim' la bien nommée, Velvet Gardenia (ou plutôt feu VG, mais j'ai des réserves), Vamp à NY, Fracas, ou encore Lily & Spice (feu itou) que j'exulte. Je ne rechigne pas non plus sur une goutte d'extrait de Shalimar bien placé au creux des reins ou lové au creux de ma nuque, Ambre Sultan et Bois et Muscs sont à tomber en pâmoison, et bien sûr, bien sûr, mon éternel-indétrônable-de-toujours Chamade (formulation pré-massacre Wassérien :(((((( en edp ou extrait me font huuuuuurler de bonheur. A me rouler nue sous le cagnard le plus cuisant. Et que les hespéridés et autres cocktails rafraîchissants se tiennent loin, très loin de mes narines !

    RépondreSupprimer
  2. Zut flûte, j'ai oublié de mentionner Wazamba et Sahara Noir qui cuisent littéralement sur la peau tels des Kyphi, montent en volutes et colonnes blanches d'encens incandescents, là, on monte encore d'un cran et on fait torrider l'été. Chez Tauer, moi c'est Une Rose Chyprée qui me met en transe au contact de la chaleur de ma peau.
    Et dire que sinon j'abhorre l'été !

    RépondreSupprimer
  3. Zut flûte, j'ai oublié de dire que Wazamba et Sahara noir sont des coulures de lave sur ma peau, ou des kyphis montant dans l'air saturé de chaleur comme des volutes blanches et pulvérulentes. Chez Tauer, moi c'est Une Rose chyprée qui torridifie ma peau.
    Et dire que sinon, j'abhorre la chaleur estivale !

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour ! L'Air de tout se sépare d'une petite partie de sa collection de flacons : peut-être cela peut-il vous intéresser, ou vos lecteurs et lectrices ? Au cas où, je laisse le lien ci-dessous : http://lairdetout.blogspot.fr/2014/06/vente-de-flacons-rares.html

    A bientôt !
    Maowel

    RépondreSupprimer