FILS DE DIEU du riz et des agrumes.
Ça démarre comme une cocktail party au lounge d'un hôtel 4 étoiles de la Réunion: dans les coupes, un savoureux mélange de citron vert et rhum saké avec une lichette de lait de coco et un litchi flottant. Soit une formidable explosion de citron acide, limette en tête, secondée par
des notes lactoniques de coco. Puis très vite: la fraicheur poivrée montante du
gingembre sur lit de coriandre feuille.
C'est Fils de, décomplexé, un peu insouciant, pas même insolent ou
m'as-tu-vu, juste bien élevé et célibataire, mais plus pour très longtemps. On pourrait presque s'ennuyer si la note shizo- champignon subtilement dissonante ne maintenait l'intérêt éveillé.
Attention, Fils de ne manque pas de caractère, il a même de la
conversation, c'est juste qu'on finirait par être jaloux et ne plus
l'apprécier d'être aussi avenant et bien fait de sa personne.
Nous somme passé à table pour déguster un curry thaï: riz blanc épicé (gingembre cardamone cannelle) au lait de coco et feuilles de coriandre comme il se doit. Toujours en bonne compagnie.
La douceur laiteuse (lait de riz, de coco) qui contrastait avec l'acidité des agrumes, laisse place à une douceur coumarinée de bon aloi, tout en gardant la verdeur/ vigueur et le feu des épices et des aromates en bouche.
Tout au long, comme un fil conducteur, une touche de rose fait lien, elle courre à vue de nez depuis l'effet magique de l'alcool
phenyléthylique (à l’odeur de rose fraiche, feuilles, eau de riz
ou saké litchi selon l'angle), pour s'épicer et s'assombrir à mesure que le parfum se développe.
Le fond, comme une fin de soirée paisible dans de grands fauteuils en rotin, vétiver discret , un peu roots, s’endort tranquillement au son des vagues sur la plage. On retrouve un vague point commun avec Fat electrician et son vétiver gourmand. Pas trace du cuir annoncé à mon nez par contre, mais il faut dire que je fréquente des peaux de bêtes autrement plus sauvages.
Une création de Ralph Schwieger pour État Libre d'Orange qui tourne autour du culinaire sans jamais vraiment y sombrer et une manière originale de revisiter le genre hespéridé en racontant une
autre histoire que la fraicheur cologne aromatique. Rien que pour ça je
le trouve réussi. Dans l'histoire insolente de la marque à l'esthétique trash et au milieu des précédentes créations ELO, Fils de dieu est presque choquant de ne pas être choquant. Un parfum pied de nez?
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Jungle Essence
Le trait d'union entre les deux nouveautés ELO ce serait peut-être ces mystérieuses notes JE qui apparaissent dans les pyramides.
JE pour Jungle Essence, un procédé de headspace breveté Mane qui produit désormais les concentrés de la marque. Et peut-être est-ce du à ce Jungle essence qui reproduit les composés aromatiques présent dans l'air, que j'ai l'impression que les nouveaux ELO gagnent en naturel. J'avais tendance à être un peu rebuté par le côté brutal et délibérément synthétique, pas fini, des premiers (et même si je suis très client des brûlots sans concession tels que Rien). Pour le coup, la marque en devient presque fréquentable et ses parfums beaucoup plus portables, quasi hétéro friendly. Le signe en tout cas qu’État Libre d'Orange sait se renouveler et ne tourne pas en rond.
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Bijou romantique
Bijou c'est une autre histoire. Dès la vaporisation la messe est dite: élégance. Et même si la fraicheur fruitée des baies roses et la vivacité de la sauge modernisent un peu la chose, le classicisme est à l'honneur.
ELO drague la jeune bourgeoise? Au dodo les bobos, place à Agnès petite fille de mamie Shalimar? Quoique.
Je perçois une note un peu camphrée presque chlorophylle, sans doute les salicylates de l'ylang ylang, et cette pointe est la bienvenue dans la douceur poudrée orientale qui s'installe toute en légèreté, on n'est pas dans le poudré dadame. Car Bijou Romantique est innocence, tendresse, harmonie et insouciance même si Agnès a déjà vu le loup tout de même et ça se sent.
L'ylang donc, met merveilleusement bien en valeur ce poudré solaire et illumine le parfum qui est parfois à deux doigts du crémeux et de la gourmandise mais n'y cède jamais. L'iris se mêle au benjoin, sur touche c'est le benjoin qui domine mais sur ma peau c'est la vanille vanilline qui prend le dessus. Un patchouli discret en fond, à une pincée du chocolat, s'étale sur lit (à baldaquin) musqué boisé léger.
Une pointe animale discrète comme des reflets cuivrés, cuirés, excite la libido, et érotise ce petit bijou juste ce qu'il faut, là où il faut.
Bref c'est romantique mais pas cucul, ce qui en soit est déjà un exploit.
C'est un
saphir, un padparadscha, orange à reflets roses, les plus rares, plutôt qu'un
rubis. Et ces camées qu'on se passe de mère en fille comme un talisman
et qui disent: profite de ta jeunesse!
Un parfum doudou pour jeune fille qui sait ce qu'elle veut: qu'on la déshabille.
Comme
l'a noté My blue hour, on dirait un Guerlain light c'est-à-dire sans
sucre, moins lourd et empesé. Moderne. Diffusion et sillage sont assez
impressionnants, une simple touche embaume la pièce.
Mathilde Bijaoui après l'acclamé Like this chez ELO également (Lily and spice chez Penhaligon's c'est elle aussi), nous prouve encore une fois qu'elle est une parfumeuse à suivre!
Je te rejoins complètement sur l'aspect synthétique des précédents parfum El'O. Qui les rapproche même plus du mauvais mainstream que des sorties respectables de niche. Mais l'audace des accords et l'histoire qui va autour en font des produits résolument "niche".
RépondreSupprimerEn tous cas, j'ai vraiment envie de découvrir ces deux dernières nouveautés, et on dirait que l'on a planché tous les deux sur le sujet Etat Libre d'Orange cet après midi! ^^
A très bientôt... (ici ou ailleurs!)
Héhé, tu m'as donné envie de ressentir ce Putain que j'avais un peu trop vite enterré; et il faudrait aussi que je remette le nez sur Vierge qui ne m'avait pas trop plu.
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